Pédaler sur La Voie Bleue
Les mains sur le guidon, le nez au vent, la tête au vert : voilà le programme de ce grand week-end de printemps. Un week-end en roues (très) libres sur la Voie Bleu - Moselle Saône à vélo !
Il y a quelques semaines, lorsque je t’ai fait remarquer que l’hiver nous avait tous les deux engourdis et que j’avais grand besoin de bouger, tu m’as dit : « Je suis d’accord. Mille fois d’accord même. Au premier rayon de soleil, promis, on sort. Mais je te laisse les commandes, c’est toi qui organises. Surprends-moi ! »
Autant dire un vrai challenge : aventurier, sportif et grand voyageur, il a déjà tout vu et tout vécu. Ou presque.
Et surtout pas question de passer tout son temps dans les transports et encore moins d’alourdir notre bilan carbone. Alors, à une petite heure seulement de la maison, cette aventure cyclo en Vallée de Saône m’est apparue idéale pour relever ce double défi de la surprise à mon chéri et du grand bol d’air !
La véloroute La Voie Bleue relie le Luxembourg à Lyon : 800 km entre les vallées de la Moselle et de la Saône. Plus qu’ambitieux au sortir de l’hiver, même pour mon grand athlète ! Pour ces prochaines heures, c’est donc un morceau choisi de cet itinéraire que nous allons picorer : quelques kilomètres des 140 qui s’étirent en Haute-Saône, du pied des Vosges, où la rivière prend sa source, jusqu’à la région de Gray.
Nous avons laissé au nord la grande forêt de Darney et la célèbre Verrerie de Passavant-la-Rochère pour nous garer au cœur du petit village de Selles. A deux pas d’un étonnant pont tournant et d’une fromagerie artisanale, nous enfourchons nos vélos. En quelques coups de pédales, le rythme est donné. Enfin, presque… A la Basse-Vaivre, nous posons déjà pied à terre pour jeter un œil au poétique du Musée du Bleu. Entre brocante, atelier d’artistes et cabinet de curiosités, une l’ambiance bohème que nous nous promettons de revenir explorer cet été…
Pour l’heure, on reprend le guidon ! L’itinéraire s’étire sur les rives de Saône, empruntant principalement les chemins de halage. Du coup, c’est plat et très accessible. Le tracé suit le cour paisible et sauvage de la rivière, s’aventurant parfois vers des champs, sous-bois et villages. L’air est léger, les oiseaux gazouillent et les kilomètres ainsi défilent, tout en douceur. On croise et on double des bateaux, les passagers nous font signe. « On se croirait dans une carte postale » sourit Paul. Et il a raison. Tout est beau, harmonieux, simple, fluide, léger.
Clochers comtois, lavoirs et belles demeures se succèdent. Des petits trésors aux charmes discrets et authentiques qui nous invitent à ralentir l’allure et faire une pause pique-nique.
Le munster bio acheté à la fromagerie de Selles quelques heures plus tôt est un régal !
Nous reprenons notre chemin. Voici Port-sur-Saône. Quelques courbes à travers champs nous mènent à Vauchoux puis Chemilly. Une étonnante statue garde ici un joli pont de pierre. « La même que sur le Pont Charles à Prague : incroyable ! » s’étonne Paul. Et c’est vrai, c’est bien Saint-Jean Népomucène, confesseur de la reine de Bohème que son époux, Wenceslas IV, soupçonne d’adultère. Refusant de trahir la souveraine, en 1389, le prêtre fut torturé puis jeté dans la Moldau par le souverain. Cette cruauté fait de lui le saint-patron des ponts. Chemilly qui multiplie décidément les surprises : au pied des hauts murs d’un château de conte de fée qui surplombe la rivière et la fameuse statue, s’élève une étrange maison sur pilotis. Elle est signée Maisonnier, maitre d’œuvre d’un certain Le Corbusier et auteur de quelques maisons singulières dans le secteur.
Une écluse, des hérons, encore un bateau, des vaches dans les prés… Pour les ultra-urbains que nous sommes, le dépaysement est total. Je crois que j’ai relevé le défi : Paul est bluffé !
Un nouveau méandre de la Saône et nous voici à Scey-sur-Saône et Saint-Albin. C’est là que nous passerons la nuit. Une chambre d’hôtes douillette et bucolique à souhait dans une belle maison du XVIIIe. Un lieu parfaitement dans le thème de notre belle -et néanmoins sportive- escapade.
En option si vous voulez poursuivre sur le lendemain
Dimanche matin, et après un solide petit-déjeuner, nous retrouvons nos vélos. Le souterrain de Scey-sur-Saône canalise ici la rivière depuis 1837 sur 6,55 m de large et 681 m de long. Impressionnant ! Notre itinéraire se poursuit tandis que la rivière s’épanouit et prend toute sa dimension. Celle d’un cour d’eau d’importance sur le plan stratégique et commercial depuis toujours, comme en témoigne l’impressionnant Château de Ray-sur-Saône, le château de Rigny et enfin Gray dont les quais spacieux révèlent toute l’activité d’un port de référence.
Plus d'infos : www.lavoiebleue.com
Le Département de la Haute-Saône aménage la véloroute La Voie Bleue avec le soutien financier de l’Europe, de l’Etat et de la Région Bourgogne-Franche-Comté.